Ca mange quoi un Danois?

Il était temps, quoi, je suis française oui ou crotte! Il fallait bien que je finisse par parler de bouffe. Ras le blog du vélo.

Bon, alors, un Danois, ça ne mange pas tout à fait pareil que nous. Je m'en doutais un peu avant d'arriver, mais bon, on ne s'imagine pas à quel point deux pays européens peuvent être aussi différents au niveau nourriture.

Pour commencer, petite présentation du plat national, le truc typique, traditionnel, de base. J'ai nommé le smørrebrød (smør = beurre, brød = pain). Alors ce qui est sympa avec le smørrebrød, c'est qu'il n'est pas prise de tête à cuisiner. Voyez plutôt.

- Prenez une tranche de pain danois (marron, avec plein de graines).
- Beurrez-la légèrement.
- Ouvrez votre frigo.

- Et mettez sur la tartine ce qui vous tombe sous la main, genre hareng mariné, (si si, on en a toujours sous la main au Danemark), charcuterie, crudités, etc., arrangez tout ça un peu esthétiquement, et hop, vous avez un smørrebrød ! Et mangez-le avec des couverts s'il-vous-plaît, sinon vous allez tout faire dégringoler.

Le smørrebrød est parfaitement adapté aux Danois, car ce sont des gens qui mangent rapidement le midi, pour finir tôt dans l'après-midi. Et les supermarchés danois sont parfaitement adaptés à a fabrication du smørrebrød, car particulièrement achalandés en matières premières adéquates (le monde est rudement bien fait). Dans chacun d'eux, on trouve un vaste assortiment de pains aux graines, et plein de garnitures, du genre: charcuterie et fromage en tranches, petites salades composées (sans salade à l'intérieur), cornichons en rondelles, bocaux de chou rouge (c'est légèrement sucré au goût), et l'inévitable hareng mariné (lui aussi un peu sucré). Et pleeeeein de sauces. Et hop, dans la madpakke! (boîte à casse-croûte)

Pour être honnête avec vous, je n'ai pas découvert les subtilités du smørrebrød au supermarché, mais à la cantine de mon boulot. Elle propose un plat chaud, ok, mais aussi et surtout un buffet froid, différents pains à couper soi-même, et une motte de beurre. A ma grande surprise d'ailleurs, beaucoup de gens se contentent d'un ou deux smørrebrøds, sans jamais toucher au plat chaud.

...

Je sais ce que vous pensez. Vous vous dites que ce n'est pas vraiment de la cuisine. Hé bien détrompez-vous, on peut élever le smørrebrød au rang d'art très raffiné dans certains restaurants. Regardez, ça ne vous donne pas faim, vous?

Comment avoir un vélo à deux balles?

Alors quand je dis deux balles, je parle d'euros. Oui, 20 kr, c'est 2,68 euros, alors on ne va pas chipoter pour 68 centimes. Ni même pour le reste d'ailleurs, car en fait le fameux vélo est gratuit. Je m'explique.

Si vous venez à Copenhague, vous ne manquerez pas d'avoir une furieuse envie de vélo en voyant la foule des locaux sur leurs deux roues. Rassurez-vous, vous pourrez soulager votre envie pour que dalle avec le Bycyklen. Sous ce nom rigolo (by = ville) sont désignés les vélos en libre-service. (C'est encore plus rigolo si vous le prononcez à la danoise, ça donne "bussuclenne", ah, ah.)

Sympa, il y a même un plan du centre-ville!
On n'a d'ailleurs pas le droit de les en sortir.

Vous pouvez voir qu'ils sont attachés à la barre métallique par une vulgaire chaîne, qui vous rappelle étrangement quelque chose... Oui, c'est ça, un caddie de supermarché! Et pour libérer le Bycykel* de votre choix, il vous en coûtera une pièce de 20 kr, nous y voilà. Que vous récupérerez en le raccrochant, cela va de soit. Non, pas de caution ni quoi que ce soit, comme à Paris avec les Vélibs! Ici, on vit à la cool, et on fait confiance aux gens. Bon, ces vélos ont un peu moins de classe qu'à Paris, ok. Et le nombre de touristes n'est pas le même. Et tous les Copenhagois ont déjà un vélo, d'accord. Mais bon, quand même.

Alors, je les ai testés quand même, malgré le fait que j'ai déjà deux vélos... Hé ben... ce sont de vrais vélos à deux balles. Mais ça dépanne carrément. C'est parfait pour quelques déplacements ici et là. Le plus dur est d'en trouver des libres. Car les bornes sont bien souvent squattées par de vrais vélos.

Ah, j'oubliais un truc: ils ne sont de sortie qu'à la belle saison, alors profitez-en pendant qu'il en est encore temps!

(*): en cykel, to cykler, cyklen, cyklerne (j'ai tout bon?)

Balance les watts, man, j'ai ma licence!

Mais mais, que ce passe-t-il dans les rues de Copenhague? C'est quoi tous ces casquettes de marins là? C'est fini le carnaval, pourtant... Ah, non pardon, en fait c'est des casquettes d'étudiants, au temps pour moi. Euh, enfin, des casquettes d'étudiants qui ont réussi leur année, nuance. Elles ont un petit ruban de couleur, qui désigne le type d'études, et il y a le nom de l'heureux propriétaire brodé derrière.

Bien sûr, ça vous rappelle les chapeaux carrés avec la ficelle qui pendouille des diplômés américains, vous savez, dans les séries. Mais en France, on a aussi ce genre de traditions dans certaines universités, peut-être connaissez-vous la faluche:

Ça c'est la faluche d'un ami de mes petites sœurs, étudiant à l'Université de Reims.

Alors le ruban de couleur désigne aussi le type d'études qu'il fait, et tous les pin's, c'est sa personnalité, ses goûts, sa vie quoi. Et pour avoir sa faluche, il faut subir une cérémonie d'initiation, tout le monde n'en n'a pas, c'est codifié, c'est comme une sorte de club.

Au Danemark, bon, le couvre-chef spécial, c'est une fois par an, et c'est vrai qu'il est assez sobre.

Mais l'étudiant danois est nettement plus festif que son homologue français, car il fête la fin des exams en fanfare, oh oui. Pour l'occasion, lui et tous ses amis réquisitionnent des camions, les décorent, y mettent une sono, et c'est parti, voilà que ça défile à fond la caisse dans les rues! Ambiance Coupe du Monde, ou encore Techno Parade. Hier, il y en avait toute une tripotée qui avait débarqué en force à Kongens Nytorv pour y foutre un boxon pas possible, en plein après-midi. Alors je vous en fais profiter, hein.

Ça, c'est un appel à se faire klaxonner!
1 coup = nous crions
2 coups = nous trinquons
... et le reste ne figure pas dans mon dictionnaire

Et le pire dans tout ça, c'est que ça fait au moins une semaine que ça dure, ce cirque. Ça c'est de l'endurance. Et je ne sais pas combien de temps on les verra encore. Prenez-en de la graine, jeunes Gaulois! (J'dis ça parce que je suis jalouse, j'ai jamais eu de faluche et j'aurais bien voulu sauter en rythme dans le camion!)

Vous y comprenez quelque chose vous?

Nan mais sincèrement quoi, regardez-moi ce bordel.
Ces routes (enfin leur nom) ne sont même pas marquées sur mon plan!
Et la plupart des panneaux routiers à Copenhague sont comme ça.
Heureusement que je ne suis pas automobiliste.

Copenhague-plage: si si, on peut même se baigner!

Jetez vos idées préconçues à la poubelle: oui, en Scandinavie aussi il y a des stations balnéaires. C'est bien sûr le cas de Copenhague, ville pleinement tournée vers la mer, avec son port, et sa plage. Alors cette fameuse plage, hein, elle est artificielle. Vu que la Baltique, question vagues et marées, c'est pas trop ça, dans les années 30, on a créé au sud de Copenhague, sur l'île d'Amager, la bien-nommée "Amager Strand Park" (strand c'est plage en danois).

Mais problème: le sable ne restait pas, et puis en plus, le littoral est orienté nord-est: pas terrible. Du coup, les Danois ont eu l'idée de construire une île, pour former une sorte de lagon. Et c'est assez neuf, ça date de 2005 seulement. L'île est reliée à la terre par 3 ponts.

Avec une image c'est plus parlant:

Ils ont construit dessus des baraquements en béton brut, numérotés de 1 à 5, qui abritent des douches, des toilettes, et des marchands de glace. Et ils les ont reliés par une sorte de promenade en béton tout lisse, qui zigzague dans la première moitié, et qui est rectiligne dans l'autre. Cet endroit est investi (infesté même) par les patineurs en rollers (quand aux vélos je n'en parle même pas). C'est d'ailleurs le seul spot correct de roller que je connais à Copenhague.

Il y a aussi des aménagements pour faire de la planche à voile, du kite-surf et de la plongée. Et il y a un petit port de plaisance juste à côté.

Mais mon endroit préféré, c'est définitivement le Kastrup Søbad (sø = mer ou lac, et bad = bain). C'est teeellement design, c'est teeellement danois, et ça sert juste... à se baigner dans la mer. En fait c'est un machin tout en bois, relié à la terre par un ponton, avec de la place pour se prélasser au soleil, des douches, des casiers, deux plongeoirs et des kékés qui se la pètent dessus. Et il y a même une petite plate-forme à rejoindre à la nage, comme ça, juste pour rien.

Alors moi, je l'ai essayé bien sûr, mais c'était pendant le week-end de Pentecôte, souvenez-vous, il faisait chaud à ce moment-là (ça s'est dégradé depuis, snif). La température de l'eau? Bon, si vous êtes habitués à vous baigner dans l'Atlantique, la Baltique ne vous posera pas de problème (un truc du genre 18°C?). C'est que la Baltique, elle n'est pas si froide qu'on pourrait l'imaginer, après tout, elle est peu profonde et il y a peu de courant.

Sinon question vue, vous avez plein de choses à admirer. Quand vous faites face à la mer, de droite à gauche vous avez dans l'ordre:
- au bout de la plage le port de plaisance
- au bord de l'eau l'aéroport de Kastrup et vue directe sur les avions en phase d'atterrissage ou de décollage, ça dépend des jours (et aussi vue sur la tour de contrôle)
- le pont de l'Øresund
- en face de vous vous avez Malmö
- un peu plus loin des éoliennes
- et tout à gauche des cheminées d'usines

Et si ça ne vous plaît pas, retournez-vous vers l'autre côté, face au soleil, et là vous pouvez mater à loisir les quartiers résidentiels sud de Copenhague, plein de verdure.

Hop, à vos maillots!


Amusant: le même sujet traité par le Grand Yak, quelques mois plus tôt.