Je savais qu'il y en avait une à Copenhague avant même d'y aller, c'est pourquoi j'avais emmené mes précieuses chaussures roulantes dans mes bagages. Le hic, c'est que Copenhague n'est pas une ville super adaptée à la pratique du roller, il y a plein de pavés sur les trottoirs (souvent plus étroits qu'à Paris). Et puis en plus il paraît que c'est interdit d'en faire sur les trottoirs. Reste les pistes cyclables, pleines... de vélos. Mais genre vraiment pleines quoi. Du coup, comme la survie en milieu hostile dépend des capacités d'adaptation, j'ai adopté les coutumes locales, comme vous le savez, et je suis passée des huit roulettes aux deux roues.
Mais les modes changent, et traversent les frontières très vite, de nos jours. Et c'est ainsi que le concept de la rando roller du vendredi soir a été importé avec succès dans la capitale danoise en 1999.
Mais revenons au tout début. Une Friday Night Skate, en quoi ça consiste d'abord?
C'est un rassemblement périodique (le vendredi soir donc) de fous de roller, qui se réunissent pour faire une grande randonnée dans leur ville. Laquelle randonnée est organisée et encadrée par une association dédiée et est aidée par la police généralement (pour la circulation). Ben vi, le grand kif de la rando, c'est d'avoir la chaussée pour nous tous seuls! Ainsi nous avons le plaisir de voir les piétons applaudir, les Japonais nous prendre en photo et les automobilistes bloqués trépigner d'impatience (non je rigole). La participation à la balade est bien sûr totalement libre et gratuite.
Il semblerait que le concept soit né aux États-Unis, à San Francisco, à la fin des années 80. Cette bonne idée a fait des petits à travers le monde, particulièrement aux États-Unis et en Europe. À Paris, les premières randos roller sont apparues au début des années 90. D'abord "sauvages" sur les trottoirs, elles ont acquis un cadre légal et sont encadrées par la préfecture de police depuis 1997, avec des policiers en moto, mais aussi en roller! D'après le site de Pari Roller ce serait la première brigade de policiers en roller du monde. C'est que la rando parisienne attire un nombre de patineurs incroyablement élevé (certaines randos peuvent atteindre les 20 000 participants).
C'est probablement la plus grosse manifestation hebdomadaire de roller dans le monde entier.
Et j'en étais une fidèle durant les années que j'ai vécues à Paris.
C'est pourquoi j'étais au rendez-vous vendredi dernier sur Solbjerg Plads, toute frétillante à l'idée d'essayer enfin la petite sœur danoise. Pour que vous compreniez mon impatience, il faut que vous sachiez qu'à Copenhague, la rando c'est seulement d'avril à septembre, et encore, toutes les deux semaines. À Paris, c'est deux fois par semaine toute l'année (il y en a une le dimanche aussi).
Avant le départ
Ah, les deux randos ne sont pas au même rythme, pour sûr, et je ne parle pas que des dates.
La rando copenhagoise commence à 20h (contre 22h à Paris) et dure 2h, soit 20km (contre plus de 3 à Paris, pour 30 km). Et là où les Parigots mettent la gomme comme des brutes, les Danois sont à la cool et roulent à une vitesse extrêmement raisonnable. L'agréable surprise, c'est que le cortège ne s'arrête absolument jamais sauf à la pause, contrairement à Paris où il faut parfois attendre des plombes pendant les fréquents arrêts pour que l'interminable ruban se resserre et que la voie soit ouverte. À croire que la mentalité et le mode de vie se reflètent même dans la façon de faire du sport...
Une chose est sûre: une rando roller est un excellent moyen de découvrir une ville, c'est bien plus original qu'un sightseeing tour tout bête, et l'ambiance conviviale est garantie!