10 octobre 2009

Ça va saigner ce soir

Non non, rassurez-vous, pas de sang ou presque. C'est juste que ce soir a lieu le duel fratricide ultime, l'affrontement tant attendu entre les deux rivaux de toujours: le match de foot Danemark-Suède pour les qualifications pour la Coupe du Monde (c'est bien ça??). Bon, vous le savez sûrement, mater le foot n'est pas mon occupation favorite le samedi soir, mais quand il s'agit d'une rencontre symbolique, je fais volontiers une exception. Je n'emploie pas le mot symbolique au hasard: en effet, quiconque habite en Suède ou au Danemark sait que l'ennemi juré se trouve de l'autre côté du détroit (*).

La guéguerre entre Danois et Suédois ne date pas d'hier: ils se tapèrent dessus pendant des siècles, revendiquant chacun l'hégémonie sur la mer Baltique. Il fut une époque où les trois royaumes scandinaves étaient rassemblés sous la même couronne: l'union de Kalmar fut signée en 1397 mais rompue en 1523 à la suite du bain de sang de Stockholm. Depuis, il y eut 6 guerres entre la Suède et le Danemark. En 1658 notamment, le roi Karl X Gustav de Suède chassa les Danois hors de Scanie (le sud de la Suède) et les obligea à signer le traité de Roskilde: c'est ainsi que la superficie du Danemark fut réduite d'un tiers.

Aujourd'hui trône encore fièrement sur Stortorget à Malmö 
la statue du type qui infligea aux Danois la raclée de leur vie.

A propos de cette rivalité, peut-être avez-vous entendu parler de la polémique sur IKEA qui donnerait des noms de villes danoises à leurs paillassons. Les articles les plus exposés aux coups de pieds quoi. Je suis allée vérifier dans le catalogue, et c'est véridique, on en trouve des nommés Dragör, Helsingör, Köge, Nästved ou encore Tårnby (**).

Il y a même un siège de toilettes dénommé Öresund, du nom du détroit qui les sépare!

Ces deux peuples ont beau parler des langues extrêmement proches (au moins à l'écrit), ils ont du mal à se comprendre. Peut-être parce qu'elles ont beaucoup de faux-amis... On entend dire souvent que le suédois et le danois sont inter-compréhensibles, mais ce n'est pas toujours vrai. Les Suédois du sud parlent avec un espèce d'accent danois et peuvent la plupart du temps comprendre les gens de Copenhague. Je me souviens d'en avoir vu dans une soirée se parler dans leurs langues respectives, et pourtant Dieu sait si elles sonnent différemment. Les habitants de Stockholm en revanche, sont parfaitement incapables de comprendre des Jutlandais (sud du Danemark) par exemple. Ils préfèrent communiquer en anglais entre eux.

Enfin, pour illustrer le sujet, j'ai trouvé au coin de ma rue dernièrement une pub qui me laisse pantoise:
Est-ce-que quelqu'un pourrait m'en expliquer la signification??

Allez, à vos bières/pizzas!

(*) Je n'ai d'ailleurs toujours pas décidé de quel côté de la frontière j'irais voir le match ce soir, j'ai une invitation dans chacun des deux pays. Mais je sais lequel je soutiens ^^.

(**) Passer du suédois au danois c'est trop fastoche: transformez les ö en ø et les ä en æ.

30 septembre 2009

De bien étranges évocations

Il y a assez longtemps de cela, j'avais découvert au hasard de mes errances à travers la jungle wikipédienne l'existence d'une curieuse mode qui sévit à l'étranger: celle de glisser du français dans les noms de produits, de boutiques, etc. juste pour faire chic. Enfin bon, je n'avais pas tellement voyagé à l'époque, hein. J'avais découvert un site qui recensait des exemples pris au Japon. Ça donne du franponais, et c'est à se taper les fesses par terre. La preuve en image qu'il ne faut pas chercher à tripatouiller une langue qu'on ne maîtrise pas. Enfin bon, vous allez me dire, ils s'en fichent un peu, leurs clients non plus ne la maîtrisent pas.

La même chose existe pour l'anglais bien sûr, et les exemples sont bien plus nombreux, surtout dans les pays asiatiques. Cherchez sur Gogole "japlish" ou des trucs comme ça juste un peu pour voir.

Au Danemark, des confusions avec l'anglais on n'en trouve pas, les gens le parlent trop bien pour ça, mais des exemples en français, ça c'est assez facile, il suffit de lever le nez quand on se promène. Même si c'est moins spectaculaire qu'au Japon, ça ne m'a pas empêché de commencer une collection, comme pour les vélos chelous.

Parfois, c'est juste le nom qui ne colle pas bien:

Cliquez pour agrandir l'image si nécessaire

Le frisør, c'est le coiffeur en fait.


Parfois, c'est juste du charabia:

Bien tenté quand même!

Comme par hasard, ça a souvent rapport avec la bouffe:

Trouvé en Suède

Gné?

Et je vous laisse le meilleur pour la fin, lisez bien tout:

Allez, bon appétit!

14 septembre 2009

Ingen reklamer tak!* Oh et puis non, allez-y, tiens.

Bon, alors d'habitude, je déteste les prospectus, spams, et autres empilements de messages pas subliminaux du tout mais qui essaient de faire comme. Vous aussi je présume.

Mais un beau jour que je récupérais mon vélo après l'avoir laissé toute la nuit sur un parking à vélo très fréquenté (Nørreport Station pour ne pas le citer), je l'ai trouvé coiffé d'un couvre chef, ainsi que tous ses petits voisins.

Une "charlotte" en plastique quoi.

Ce n'était pas la première fois que j'en voyais, d'ailleurs il y en a un peu partout ici. Seulement, je m'étais toujours demandée où est-ce que les gens se procuraient leurs protège-selles. C'est que vous comprenez, faut d'adapter, à Copenhague il y a plus de selles de vélo que d'essuies-glaces de toute façon. Et pour une fois que la publicité me rend service.


(*) Ça veut dire quoi ça, hein? Indice: c'est marqué sur ma porte d'entrée.

10 septembre 2009

Vous en rebrendrez pien un beu?

C'est marrant, l'autre jour j'étais en train de lire un article de Dansk Viking sur l'assortiment de produits laitiers disponibles au Danemark, et je me disais que justement, j'y aurais bien ajouté ma petite contribution. Je le rejoins tout à fait au niveau de l'extrême frugalité du rayon yaourts, c'est même l'une des premières choses qui m'ont frappée à mon arrivée.

C'est que le week-end dernier, j'ai fait une trouvaille stupéfiante au Aldi du coin (c'est la première fois que j'y mettais les pieds). La photo se suffit à elle-même:

Au début ils étaient quatre, et j'ai sauvé in extremis le couvercle d'un troisième,
pour vous permettre d'y lire la glorieuse inscription qu'il y a dessus.

Oui oui, vous avez bien lu "med Sauce" ("med" = avec). Hum. Pourtant sauce en danois c'est bien sauce en français, à moins que je sois complètement à côté de la plaque.

Bien entendu, je me suis jetée dessus avec avidité, n'ayant pourtant aucun illusion sur la qualité, étant juste attirée par l'incongruité de la chose (et étant en manque de desserts lactés je dois avouer).

Bilan? Ça n'a pas de goût du tout en fait. Ça ressemble vaguement à de la vanille avec en-dessous une substance ayant presque la couleur du chocolat. Chacun sa spécialité que voulez-vous.

25 août 2009

Mais qu'est-ce-qu'ils lui trouvent, tous?

Allez hop, un petit coup de gueule (ou un gros éclat de rire ça dépend de vous) pour réveiller le blog de son hibernation estivale ;-)

Si vous êtes déjà venus à Copenhague, sûrement que le titre de l'article vous fait tilt dans la tête. Je parle bien sûr de l'inexplicable histoire d'amour entre les touristes et le monument majeur de Copenhague, la Petite Sirène. Si vous n'êtes jamais venus, vous devez en avoir entendu parler au moins. Il s'agit d'une petite statue de sirène qui regarde la mer, à l'entrée du port, illustrant le conte éponyme d'Hans-Christian Andersen, le héros national (*).


Vous voyez, elle est "grandeur nature"

Cette statue fut sculptée par un dénommé Edvard Eriksen et fut financée par le brasseur et mécène Carl Jacobsen. Elle a été inaugurée en 1913, et depuis, elle a vécu une vie des plus palpitantes:

- en 1964, elle s'est fait couper la tête (on dût lui en refaire une autre)
- en 1984, elle s'est fait amputer le bras droit, qu'on a retrouvé ensuite
- en 1990, on a encore tenté, mais en vain, de la décapiter
- en 1998, cette fois-ci on a réussi, et la tête fut rendue

Elle s'est également fait peinturlurer plusieurs fois et affubler d'accessoires d'inspiration diverse (burka, godemichet...)

Et en fait, maintenant, c'est LE symbole de Copenhague, du genre qui figure sur la couverture des guides, sur TOUTES les cartes postales...) Du coup, c'est un peu un passage obligé lors d'une visite de la ville. Nan mais regardez-moi ça:

Et voici la nuée de fans en adoration
(oui oui, c'est bien ça, c'est ce machin minuscule au bout de la flèche)

Ils sont tous là rien que pour elle, certainement pas pour le décor indutrialo-militaire qu'il y a en arrière-plan. Et encore, je vous épargne la ribambelle de bus de sightseeing qui stationnent le long de la promenade.

Devant cette vision surréaliste et hilarante, la seule question qui vient à l'esprit est: pourquoi elle? pourquoi tant de gens viennent la voir? (ou alors est-ce-que ce ne serait pas parce que les gens viennent la voir qu'elle est célèbre... enfin bref, la théorie du cercle vicieux/vertueux chais pas moi). Ou alors faut-il que chaque ville se trouve un emblème? (Ben oui quoi, pour les porte-clés/tee-shirts). En tout cas, moi ça me rappelle mes visites au Louvre et le passage obligé devant la Joconde (on ne voit rien tellement il y a de gens devant, et ils ont tous la même phrase à la bouche: "ah ouais, mais c'est tout p'tit, en fait").

Toujours est-il qu'elle va bientôt se casser en vacances en Chine, Copenhague la prête à Shanghai à l'occasion de l'Exposition Universelle de 2010, pendant 6 mois.

Mais ne vous inquiétez pas, si vous venez ici pendant ce temps-là, vous aurez des collègues à elle à se mettre sous la dent l'appareil-photo.

Parce qu'en fait, ce que personne ne sait, c'est qu'il y a trois statues de sirènes dans le port!

Il y a la version Pamela Anderson (elle est sur une terrasse de resto):


Et la version Picasso:


Elle est un peu difficile à trouver, mais en fait elle n'est vraiment pas loin de l'originale, et au moins, il n'y a pas des dizaines d'ahuris avec une gommette de couleur sur leur tee-shirt qui font la queue devant pour la prendre en photo.


(*) Il y a des statues de lui dans tous les parcs de Copenhague, mais ça, tout le monde s'en fout.